Catastrophes

Salut les vieux,

Si vous me suivez un peu sur mon Facebook ou mon Instagram personnel, vous saurez qu'en ce moment je suis de retour dans mon petit village provençal. Celui-là même où toutes les aventures que je vous conte depuis plusieurs années me sont arrivées.
Profitant donc du soleil printanier, je me suis installé à la terrasse du bar qui se trouve juste en dessous de la maison où habitait mon ami Arnold et son Commodore 64. Il n’y avait donc pas de meilleur endroit pour se laisser envahir par une vague de nostalgie et retourner en 1984. J’ai donc sorti mon petit calepin et j’ai commencé à écrire…

28 mars 1984

La sonnerie libératrice venait de retentir, je ramassai mes livres et cahiers et sortis en toute hâte pour retrouver Arnold dans la cour de récréation. Comme à notre habitude, nous nous assîmes sur la butte qui dominait la cour afin de parler de tout et de rien, mais surtout de jeux vidéo et du Commodore 64. La conversation du jour portait sur ce nouveau jeu que lui avait ramené son cousin d’Angleterre et qui s'intitulait Catastrophes.

L'attente jusqu'à la fin des cours a été insupportable, mais elle en valait la peine. Une demi-heure plus tard, nous regardions le Datassette peinant à charger ce nouveau jeu qu’Arnold voulait à tout prix essayer à deux. Il n'avait pas tort car Catastrophes prend tout son sens lorsque l’on a un adversaire à ses côtés.

Dans Catastrophes, vous devez, à l’aide de votre hélicoptère, construire un immeuble. Pour cela, un bateau vient vous livrer un bloc que vous devez accrocher et poser où bon vous semble sur votre construction. Attention tout de même à bien le situer, sinon celui-ci tombe à l’eau et vous devez aller chercher un autre bloc, ce qui signifie une perte de temps et une pénalisation monétaire.

En effet, vous devez arriver au budget fixé au départ du jeu et respecter les délais de construction. Pour chaque bloc posé, vous gagnez de l’argent, plus le bloc est placé en hauteur et mieux il est payé. Vous l’aurez donc compris, le temps et la précision sont les deux éléments clés pour battre votre adversaire et être dans les temps pour passer au deuxième niveau et tout cela, en évitant les avions qui pourraient détruire votre hélicoptère.

Le jeu vous paraîtra certainement simple, cependant, s’il s’appelle Catastrophes, ce n’est pas pour rien. En effet, aléatoirement, une catastrophe naturelle intervient et détruit une partie de votre construction. Ces catastrophes sont le vent, la montée des eaux, un tremblement de terre, etc… Je vous assure que lorsqu’elles arrivaient, c’étaient des cris d’hystérie qui remplissaient la chambre, jusqu’à inquiéter la mère d’Arnold, qui fit plusieurs interruptions, ce jour-là, pour s’assurer que tout allait bien.

Catastrophes n’est pas le jeu que l’on achète parce que l’on a vu une belle capture d’écran dans un magazine ou lu une bonne critique, non, Catastrophes est le jeu sur lequel on tombe par hasard et qui reste dans nos mémoires car il génère un souvenir associant le bonheur, l’amitié, l’insouciance qui caractérisent si bien les années de notre enfance.

28 mars 2024

Je referme mon calepin, laissant à l’intérieur cette tranche de vie qui s’est passée, ici même, il y a 40 ans.
Je me lève et retourne à ma voiture, sans oublier de m’arrêter une dernière fois devant la porte d’entrée de ce qui fut la maison d’Arnold. Ce n’est bien évidemment plus la même, mais je suis sûr que nos cris d’enfants sont encore imprégnés dans ces vieux murs de pierres.