Berzerk

Salut les vieux,

Comme je vous l’ai dit dans mon précèdent article, cet été j’ai pu passer une bonne quinzaine de jours dans mon village natal. Cela m’a permis de revoir des personnes qui ont fait partie de mon enfance et que je n’ai pas trop eu l’occasion de revoir depuis mon expatriation en Espagne.

C’est le cas de mon ami Nono. Depuis ses 14 ans il fait des allers-retours entre la prison et notre joli village. Nous avons 52 ans tous les deux, faites le calcul. Il est donc très difficile que nous coïncidions durant mes passages éclair. C’est pourtant ce qui est arrivé cet été. Je ne vous cache pas qu’il a vraiment pris un sale coup mais cela m’a fait tout de même plaisir de le revoir car j’ai un excellent souvenir avec lui. Celui où j’ai découvert le jeu Berzerk.

En effet, je fais partie de ceux qui n’ont pas connu Berzerk sur borne d’arcade en premier. Je découvrirais la borne, légèrement plus tard, à tout hasard dans un bar perdu au fond du Cantal. Mais ça c’est une autre histoire.

Nous étions donc au cœur de l’automne 1981 et je flânai devant ma télé en regardant les visiteurs du mercredi, lorsque Nono vint frapper à ma porte. Il n’était pas rare qu’il passe par chez moi lorsqu’il rentrait chez lui juste pour me saluer ou me voler quelques billes mais cette fois-ci il voulait que je vienne avec lui chez son cousin pour jouer à la console Atari 2600. Comme je ne refusais jamais une invitation à jouer, j’attrapai mon BMX et le suivi.

Le jeu en question était donc Berzerk. Difficile de vous décrire aujourd’hui ce jeu devenu culte mais en 1981 c’était une bouffé de bonheur. Le but est simple, vous êtes un humanoïde et vous devez vous débarrasser de robots plus ou moins agressifs afin de vous faufiler vers la sortie. Sortie qui n’en est pas vraiment une car vous passez automatiquement dans un autre tableau.

Une des nouveautés pour l’époque, était son tir multidirectionnel. En effet les tirs en diagonale étaient permis et très pratique. L’intelligence artificielle était très succincte sur cette version Atari. Les robots sont assez faciles à neutraliser et s’autodétruisent assez souvent contre les murs électriques. Au début ils n’utilisent pas leurs armes, mais lorsque vous passez quelques niveaux ceux-ci commencent à vous prendre pour cible. Mais la plus grande difficulté n’est pas d’esquiver les balles mais plutôt de ne pas rentrer en contact avec les murs, sinon c’est l’électrocution directe, idem avec les robots.

Ce jeu est d’une facilité déconcertante mais nous n’étions que des gamins d’à peine 10 ans et nous étions les rois du monde. Plus tard je découvrirais la borne d’arcade avec les voix digitalisées qui chantais des « Intruder Alert! Intruder Alert! », « Destroy the humanoid », « The humanoid must not escape ». C’était ça le futur.

Je me souviens parfaitement de cet après-midi avec Nono et son cousin. Nous étions insoucieux, heureux et lorsque je le lui en ai parlé cet été j’ai été agréablement surpris qu’il s’en souvienne lui aussi malgré la vie qu’il a eue après cela et je ne voudrais pas m’avancer mais j’ai vu une petite lueur brillante passer dans ses yeux.

En rentrant chez mes parents après cette soirée, je ne suis pas arrivé à m’endormir malgré l’heure tardive car j’avais comme une espèce de remord qui me rongeait. Si seulement en cette fameuse après-midi de 1980 j’avais su ce qui allait se passer, j’aurais pu lui parler, le prévenir et peut-être que tout aurait été diffèrent pour lui. Mais cela n‘arrive que dans les films. Dans la vraie vie on regrette.