Yeti
Salut les vieux,
En 1985 nous étions toujours aux balbutiements de l’informatique et du jeu vidéo. Beaucoup de petits jeux sans prétentions faisaient leurs apparitions pendant que nous nous formions à les recevoir grâce à Mr Fabius et son plan de l’informatique pour tous. C’était le cas de Yeti sur Thomson MO5.
Ma vie de joueur était toujours aussi triste, j’adorais programmer sur mon VG5000 mais lorsqu’il fallait jouer, c’était un peu la misère. Je m’étais formé pourtant une bonne logithèque mais celle-ci n’était vraiment pas à la hauteur de ce que je pouvais voir chez les autres. De plus, à chaque fois que j’assistais aux cours d’informatique je regrettais de ne pas avoir acheté cette magnifique machine, au Basic très complet, qu’était le MO5.
Ce jour-là notre professeur de mathématique et d’informatique pour ceux qui participaient à cet atelier, nous présenta un jeu dont il avait fait l’acquisition depuis peu et qui selon ses dires, était grandement inspiré du grand classique de l’arcade Donkey Kong.
Il prit possession d’un MO5 et chargea le jeu pendant que nous nous agglutinions autour de lui dans l’espoir de pouvoir y jouer à notre tour. Même si j’adorais les cours de Basic et d’initiation, ceux où l’on nous faisait découvrir les capacités de la machine grâce à un jeu étaient mes préférés.
Lorsqu’il nous avait annoncé que Yeti était inspiré de Donkey Kong, il était un peu court sur la comparaison. Yeti n’était ni plus ni moins qu’un clone de ce dernier. Dès l’apparition du premier tableau, le ton était donné. Un gros singe (blanc pour représenter un Yeti) nous jetait des boules de neige (au lieu de tonneaux pour ne pas éveiller les soupçons) qu’il nous fallait éviter tout en sautant et en escaladant les échelles afin d’arriver au dernier étage et libérer votre belle, prisonnière de ce vilain singe blanc.
Avouez que la ressemblance est frappante non ?
Il y avait tout de même une très légère innovation, c’était qu’il fallait, pendant notre ascension, ramasser des fruits qui nous donnaient des points pour améliorer notre score. C’est ce que faisait très bien notre professeur, qui apparemment n’en était pas à sa première partie, si l’on en jugeait par son extrême habilité à réussir le premier niveau sans perdre une seule vie.
Une fois la donzelle libérée, le deuxième niveau était lui assez original, il fallait cette fois descendre sans se faire toucher par des chèvres qui sautaient dans tout les sens. La difficulté résidait dans le fait qu’il fallait descendre par les échelles et non pas en sautant d’un étage à l’autre sinon c’était la mort assurée. Là aussi notre cher professeur s’en sorti avec brio.
Le troisième et dernier tableau que nous avons pu voir était lui aussi très similaire à celui de Donkey Kong (le fameux tableau avec les ascenseurs). La difficulté avait pas mal augmenté et lorsqu’il perdit sa dernière vie en s’écrasant comme une merde, il éteignit le MO5 et nous invita à nous assoir pour nous faire un cours sur les boucles imbriquées.
Inutile que je vous décrive l’immense déception et frustration qui régnait dans la salle à ce moment-là. En fin d’après-midi je rentrais chez moi déçu de ne pas avoir pu essayer ce magnifique jeu du Donkey Kong blanc, de ne pas avoir choisi un MO5 plutôt qu’un VG5000 et de n’avoir rien compris aux boucles imbriquées.